Tokyo Ghost

Bon un duo créateur Remender / Murphy …Attention 3….2….1 Geek Orgasm !! 
C’est un peu dans cet esprit que j’ai abordé Tokyo ghost la nouveauté de chez Image Comics qui définitivement est l’éditeur qui nous sort LES produits de qualité depuis quelques années et souvent avec des équipes créatives de malades mentaux ! Je veux dire réunir le papa de Punk rock Jésus et Mr Fear Agent, quand même ! Ils pourraient nous raconter une histoire de rivalité amoureuse entre un lama glavioteur et Stephen Amell pour la conquête du cœur d’un porc-épic en rut que j’achèterais le produit.
Mais c’est tout de même avec un œil critique et la bave aux lèvres que je me suis emparé du comic chez mon revendeur habituel en prenant soins au passage d’avoiner un nerd qui tentait d’acheter le dernier exemplaire devant moi. Je te l’ai occis en le morigénant à coup de coffret collector axis ce qui me permis de comprendre du même coup la seule utilité de cet objet.
C’est donc les mains quelques peu ensanglantées et fort d’une certaine émotion qui se manifestait par de légères moiteurs génitales que je commençais la lecture de mon petit Graal à moi.

Et là ….Oh bordel que c’est bon !!!

On est en 2089 sur l’ile de Los Angeles dans un monde où la haute technologie se mélange à une misère crasseuse. En effet, tout le monde est hautement connecté en permanence au point que les hackers les plus chevronnés en viennent à littéralement posséder leurs cibles. Le plus terrible d’entre eux vient de perpétrer un massacre et c’est là que les constables Debby Decay et Led Dent interviennent. Le duo est fameux : Debby est une jeune femme volontaire, au franc parler et un chouia violente alors que Led est un homme qui disparait sous la machine et doté d’une force de frappe titanesque mais dont l’esprit est atrophié par cette technologie si invasive. C’est la traque de ce hacker mégalomane et psychopathe par ces deux personnages haut en couleur que nous allons suivre dans ce premier numéro.

Mais ce n’est pas que ça, on nous présente les motivations et la psyché des personnages principaux  avec subtilité et efficacité. Et l’on comprend ce que va être leur véritable quête : une recherche d’humanité qui tends à disparaitre dans cette fange technologique qui engloutit la civilisation et les hommes qui la composent.

Remender est un homme de grand talent ! Il va en quelques pages à la fois nous divertir par un récit ou l’action est omniprésente mais dans le même temps il pose les bases de sa réflexion, le vrai message de son récit.
Car il s’agit bien d’une satire de l’hyper-connexion et de l’acceptation de la machine dans notre quotidien dont traite l’auteur. Les gens qui peuplent ce monde sont amorphes et l’on comprend qu’ils n’ont fui cette réalité que pour tomber dans un univers virtuel où le spam a été porté  au rang d’art, l’art du contrôle des masses.

C’est une nouvelle forme de pollution qu’expose l’auteur, celle du « tout connecté », de l’immersion dans ce réseau qui nous plonge dans cette solitude où ne sommes plus jamais seul. Cette omniprésence des networks qui finalement nous dises comment manger, comment dormir, comment vivre pour en définitif contrôler tous les aspects de notre quotidien.

Oui il y a tout ça dans ces quelques pages ! Remender est, on le sait, capable d’une écriture a plusieurs niveaux et chacun y trouvera son content : de l’action pure ou une réflexion bien menée….ou les deux.
On trouve cette puissance d’écriture dans bon nombre de ses travaux ultérieurs en indé dans son très fameux Fear Agent ou encore dans le plus récent et excellentissime Black science. Pourtant, certains avaient tendance à critiquer son manque d’originalité et le fait qu’il ne se renouvelait pas assez. C’est une leçon d’originalité que nous donne ce bon Rick !

Et que dire du trait de Sean Murphy ? Qu’il est génialissime de dynamisme à tel point que l’on a l’impression de voir un véritable mouvement exploser dans nos pages. Ce comic n’aura pas besoin d’un animé car s’en déjà presque un grâce au talent de ce Botticelli des comics !! D’ailleurs, tous les auteurs le veulent sur leur récit : Snyder avec son « The wake », Millar et ses « chrononauts » et aujourd’hui l’homme à qui l’on doit le fascinant « Deadly class ». Et puis qui sait peut-être un jour croisera-t-il le chemin mystique du grand shaman des comics, l’immense Alan ….gngnngnn … désolé deuxième Geek Orgasm, en une seule chronique c’est rare.

Quand bien même vous n’auriez qu’un comics à acheter ce mois-ci, je ne saurai que trop vous recommander ce Tokyo Ghost ! Et pour les plus pauvres d’entre  nous, coucou les pauvres, vous n’avez plus qu’à revendre un organe qui vous est inutile pour faire l’acquisition de cette merveille !!